Publié le 15 novembre 2023
Chez Chris & Cath (Vaux-sous-Chèvremont) :Conserver le commerce de proximité de la région !
Il y a un peu plus d’un an, Christophe Urbanski a pris une décision courageuse en choisissant de changer de vie et de se lancer dans l’aventure d’un libraire-presse indépendant. Curieux de connaître les tenants et aboutissants de cette aventure après une année de découverte et d’adaptation à ce nouveau métier, nous avons décidé de nous rendre dans son point de vente. Dans l’article qui suit, nous vous dévoilerons les défis quotidiens, les découvertes de la profession et les efforts de diversification entrepris par Christophe au sein de sa librairie-presse…
L’envie d’être son propre patron
Christophe nous explique que son désir d’être son propre patron a été motivé par sa quête de liberté dans sa vie professionnelle. Après des années passées en tant que salarié, il ressentait le besoin pressant de prendre les rênes de sa carrière. Alors que son épouse envisageait une aventure dans le secteur de l’HoReCa, Christophe avait d’autres idées en tête. L’idée de devenir libraire-presse indépendant s’est présentée comme une opportunité idéale pour allier l’entrepreneuriat à un rythme de travail qui lui correspondait davantage. Après les inondations, l’ancienne gérante de la libraire-presse, présente depuis plus de 40 ans dans le village, n’a pas souhaité rouvrir son commerce. Ne voulant pas voir disparaître ce point de vente connu de tous dans la région, ce fût l’occasion rêvée pour Christophe de se lancer.
L’un des avantages les plus notables pour Christophe depuis son changement de vie réside dans sa liberté totale de gérer son emploi du temps. En tant que libraire-presse indépendant, il n’est plus engagé vis-à-vis d’horaires définis pour lui et peut aborder les absences imprévues plus sereinement. Parce que la vie d’indépendant en magasin est tout autant enchaînante et il n’est pas censé fermé son shop dès qu’une urgence se présente.
Christophe apprécie l’atmosphère conviviale qui règne dans sa librairie-presse. Son magasin est devenu un point de rencontre incontournable pour la population locale. Les clients sont chaleureusement invités à prolonger leur visite, discuter et partager un café à l’occasion. L’emplacement de la librairie-presse joue un rôle essentiel dans le bien-être de Christophe. Il habite à deux pas de son lieu de travail, ce qui signifie qu’il peut s’y rendre à pied en seulement deux minutes. Une belle évolution en comparaison avec son ancien poste qui lui imposait des trajets, des embouteillages et des préoccupations.
Un commerçant de nature
Une quinzaine d’années dans la vente cela ne s’oublie évidemment pas du jour au lendemain. Grâce à cette expérience, Christophe a vu clair dès le début de son aventure : « La presse ne suffit plus à gagner sa vie. Pour pallier à ce problème, le nombre de titres a été réduit. Au début, j’étais noyé par une quantité excessive. Certains titres, bien que présents, ne se vendent pas autant. Ils offrent un choix varié, mais il y a des magazines qui entrent et sortent, ne trouvant pas toujours preneur. Les journaux, continuent de se vendre mais uniquement auprès des personnes âgées. Le reste se vend au goutte-à-goutte. Comparé à l’ancienne propriétaire, la vente de journaux est moins fréquente. Avec les nouvelles technologies et la présence de toutes les informations sur le net, les jeunes ne sont plus vraiment intéressés par la presse… »
Pour remédier à cette problématique persistante, Christophe a rapidement élargi sa gamme de produits. Les boissons, les articles alimentaires et les friandises sont désormais les articles les plus populaires de sa boutique. En raison de l’absence de grands magasins à proximité et de la présence continue d’ouvriers depuis les inondations, il propose également des sandwiches et des plats préparés provenant de chez Trendy à déguster sur le temps de midi.
Pour apporter une touche estivale, Christophe a une astuce bien à lui : « Lorsque le temps est clément, j’installe une petite terrasse à l’extérieur, à la manière d’un bar-tabac à la française. Deux petites tables sont simplement disposées. Si les clients souhaitent s’attarder pendant une dizaine de minutes pour parcourir la presse en sirotant une boisson, c’est vraiment l’endroit idéal pour le faire. » Cette atmosphère conviviale en fait un lieu de rendez-vous apprécié, ajoutant une dimension chaleureuse à son commerce.
La profession et ses défis
Devenir libraire-presse indépendant est, sans aucun doute, une véritable aventure. Comme le souligne Christophe, l’expérience se forge principalement avec le temps : « Pour débuter, j’ai réalisé les différentes formations proposées par les différents organismes tels que bpost, la Loterie Nationale ou encore AMP. J’ai surtout appris sur le tas. Par exemple, je n’y connaissais absolument rien à l’assortiment de cigarettes. Ce sont les clients qui m’ont appris. »
Un an et demi plus tard, Christophe constate naturellement que les choses sont devenues plus faciles pour lui. Il peut parfois terminer ses journées plus tard qu’à l’époque où il était employé, mais cela ne le dérange nullement car c’est contrebalancé par les liens positifs qu’il entretient avec sa clientèle. En effet, il tient à souligner que sa librairie-presse est véritablement un lieu de rencontre : « Il y a des moments où il y a jusqu’à 10 personnes, que ce soit à l’intérieur ou en terrasse, en fin de journée. Cela prend parfois l’allure d’une petite soirée conviviale. Ce sont évidemment de chouettes moments. En dehors des moments festifs, les interactions avec les personnes âgées sont très importantes. Ils viennent chercher leur journal et restent 10 minutes juste pour discuter. J’apprécie vraiment cela. »
La gestion du stock de tabac est l’un des aspects les plus délicats du métier, et Christophe en a pleinement conscience. Les clients n’hésitent pas à exprimer leurs préférences. De plus, gérer une immobilisation de liquidités importantes n’est pas chose aisée. C’est une tâche exigeante qui demande des efforts considérables, pour finalement générer des marges bénéficiaires modestes. La gestion des colis est également un défi permanent. L’espace limité dans le point de vente rend parfois nécessaire le refus de colis de livreurs autres que bpost. La librairie est le seul établissement de la région à recevoir des colis. Grâce à cela, elle est devenue une véritable plaque tournante pour les habitants de Vaux-sous-Chèvremont.
Se lancer, pas toujours chose évidente
Comme vous le savez, se lancer en tant que libraire-presse indépendant implique des investissements conséquents souvent méconnus des gens externes à la profession. Christophe ne s’attendait évidemment pas à certains coûts : « Les frais m’ont vraiment surpris. Les cautions n’avaient pas été prévues par le comptable. Quand il a fallu sortir de grosses sommes pour la Loterie Nationale et AMP, dès les premiers mois, c’était intense. Même lorsque les retours AMP sont apparus, correspondant à des quantités de marchandises bien plus importantes que prévues. Au début, tout s’enchaîne rapidement en termes de dépenses. De plus, aucun fournisseur n’accorde de crédit au début, donc tout doit être payé d’avance. C’est seulement après que la situation s’améliore progressivement. Cette réalité, on ne la réalise pas pleinement au départ. Tout est sous contrôle maintenant. »
Le bilan après 1 an
Notre visite à la Librairie de la Place fut une expérience des plus positives. Nous avons eu le plaisir de rencontrer un libraire-presse passionné qui après un an d’activités excelle clairement dans son domaine. Il était évident que chaque client qui franchissait la porte se sentait accueilli, trouvait non seulement ce dont il avait besoin mais également une atmosphère conviviale et sympathique dès le matin. Nous tenons à remercier Christophe pour le temps précieux qu’il nous a consacré et lui souhaitons, bien entendu, un avenir des plus florissants !